Les mots de l'actualité : une chronique pétillante qui éclaire en deux minutes un mot ou une expression entendue dans l'actualité.
Une résolution adoptée sans enthousiasme par les Nations Unies. Une résolution qui devrait lutter contre les violences sexuelles, mais qui ne change pas grand-chose, vu les modifications qu’elle a subies. On dit que le texte a été largement édulcoré, c’est-à-dire adouci, abrasé. Comme si on en avait ôté les principes actifs. On dit donc que ce texte a été vidé de sa substance.
Qu’en reste-t-il alors ? Il est comme une coquille vide. C’est bien l’autre expression synonyme qui vient à l’esprit. On a gardé une apparence : on a bien un texte sur lequel on vote. Mais il n’est pas opérant, comme s’il avait été évidé, et qu’il n’en restait que le contenant : le contenu a disparu ! L’image de la coquille est bien trouvée, car il arrive souvent qu’une cherchant des coquillages, on tombe justement sur une coquille sans habitant. Et c’est le mollusque qu’on mange, et pas sa maison. Mais la coquille est plus solide que celui qu’elle abrite, et elle lui survit ; après la mort de l’animal, la coque est toujours là et parfois elle peut servir d’abri à celui qui n’en a pas et qui en cherche. C’est le cas du Bernard l’Hermite, vulnérable, mais qui souhaite se glisser dans une maison abandonnée qui lui servira d’habitat. Un peu comme le coucou ? On dit que cet oiseau va nicher dans un nid qui ne lui appartient pas. En fait, il a surtout tendance à déposer des œufs dans ce nid étranger, de telle sorte que ses petits à venir seront nourris par d’autres.
Dans ces derniers cas, la coquille et les nids sont tout sauf vidés de leur substance ! Mais de quoi est-elle donc privée, la coquille vandalisée ? On parle de substance, un mot aux sens multiples, des plus vagues aux plus précis.
Une substance c’est la plupart du temps une matière, et même une texture. Et cela évoque à la fois un goût et un toucher. Rarement solide, la texture. Et presque jamais liquide, mais justement, entre les deux : un peu mou, un peu flasque, vaguement crémeux parfois… elle fait rarement naître un appétit dévorant. Mais le mot de substance s’emploie le plus souvent faute de mieux : quand on ne sait pas exactement à quoi on a affaire, quand on a bien du mal à le nommer : au bout de deux heures de cuisson, on obtient une substance marron, à consistance pâteuse.
Mais le mot sert aussi à désigner des matières brutes, non transformées : des substances toxiques, des substances chimiques… Le mot évoque donc à la fois une matière peu familière et une réalité concrète. Alors qu’à l’origine son sens est assez différent : substance est plutôt un mot de philosophe, et évoque le caractère central d’une chose : ce qui est permanent, ce qui ne change pas, ce qui en fait la réalité même. Et la substance, un peu comme l’essence, s’oppose aux accidents, c’est-à-dire aux transformations que la vie fait subir à un objet ou un être vivant.
Avertissement !
Ce texte est le document préparatoire à la chronique Les Mots de l’Actualité. Les contraintes de l’antenne et la durée précise de la chronique rendent indispensable un aménagement qui explique les différences entre les versions écrite et orale.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF)
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