Les scandales sanitaires à répétition qui ont éclaté dans d’autres pays n’y ont rien changé : la Russie continue d’utiliser et surtout d’exporter son amiante. En 2018, selon les chiffres de la douane russe, ce sont plus de 600 000 tonnes de ce minerai considéré comme cancérogène dans de nombreux pays, qui ont été vendues par la Russie. Ses principaux clients : l’Inde, la Chine, le Vietnam et l’Indonésie. Dans ces pays, l’amiante n’est pas interdite : elle reste très utilisée dans le secteur du bâtiment et dans la construction de routes. En tant que pays producteur, la Russie a été confrontée depuis les années 1970 à la perte de nombreux marchés au fur et à mesure que l’amiante était interdite dans un nombre croissant de pays. Mais elle conserve en Asie, un débouché qui lui permet de conserver une industrie importante. Plusieurs dizaines milliers d’emplois en dépendent, en particulier dans la ville d’Asbets, du nom russe de l’amiante. Une ville entière tournée vers cette production, contrôlée par une unique entreprise, Uralasbest, premier producteur du pays. Et pour l’industrie russe de l’amiante, pas question de laisser se développer un débat sur les dangers de l’amiante... En effet, en Russie, les études médicales sur l’amiante sont donc rarissimes, et les producteurs affirment que le chrysotile, la variété d’amiante exploitée dans les mines russes, est inoffensif. Autre argument avancé par l’industrie : la campagne anti-amiante aurait été montée de toutes pièces, pour affaiblir les producteurs russes au profit des industriels européens dans le secteur de la chimie, qui auraient développé des substituts à ce minerai. Et les producteurs d’amiante de louer sur internet les innombrables avantages de l’amiante, présentée comme une matière naturelle et comme la manière meilleure de se protéger des incendies. Ultime trouvaille marketing : la référence à Donald Trump et aux nombreuses déclarations favorable à l’amiante de l’actuel président américain. Dans un livre publié en 1997, Donald Trump avait ainsi écrit que l’amiante était sûre à 100% et que la campagne visant à l’interdire était orchestrée par la mafia. L’été dernier sur Facebook, le principal producteur de Russie affirmait avoir ajouté sur ces sacs d’amiante, le portrait du président américain et la mention : « approuvé par Donald Trump ».
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