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Lorsque j’étais enfant, adolescent peut-être, nous jouions à un jeu qui consistait à nous demander, les uns les autres, si nous préférions le soleil ou le lune. Et systématiquement, je répondais : la lune.
Je pense aujourd’hui que c’était une pose. Je voyais l’image, si souvent représentée, de ce philosophe assis tout en haut d’une montagne et regardant la mer de nuages, celle de Chateaubriand les cheveux dans le vent, et, m’imaginant poète, artiste, mal-aimé ou romantique, je prenais cette posture qui me donnait une contenance : la lune, pâle et humble, froide et secrète, était mon astre préféré.
Je me demande aujourd’hui s’il y a vraiment des gens qui préfèrent la lune ou si cette préférence n’est pas toujours une sorte de pose, de rôle qu’on endosse parce qu’il permet de se tenir à l’ombre.
J’entends bien, naturellement, qu’on puisse aimer la lune, sa douceur, sa délicatesse – sa chasteté aurait dit François – et qu’on puisse donc, par moments, la préférer au soleil. Mais peut-on la préférer dans l’absolu ? Peut-on vraiment, au fond de soi, et en toute vérité, préférer cette pâleur à l’éclat du soleil, préférer cette froideur à la chaleur de l’astre du jour ? La préférence pour la lune, le romantisme n’est-il pas toujours un moyen commode que nous nous donnons pour cacher (et revêtir d’un manteau de positivité) notre peur de la vie – c’est-à-dire notre angoisse de la mort : fuir la vie de peur qu’elle ne se sauve ?
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