Les prix du sucre ont perdu 40 % depuis la fin des quotas en Europe, il y a un an. Toute la filière est malmenée : les fabricants de sucre, le négoce, et pour la première fois en France, les cultivateurs de betteraves. C'est au tour des betteraviers, en pleine récolte en France, de subir le plongeon des cours du sucre. Une dégringolade causée depuis un an par des records de productions asiatiques qui n'avaient pas été prévus de l'Inde à la Thaïlande. Jusqu'à présent les cultivateurs français de betterave avaient été protégés par des contrats généreux et sur deux ans conclus avant l'effondrement des prix, avec les fabricants de sucre européens. Mais cette année, ils perdent de 400 à 500 euros à l'hectare, avec de surcroît une production de betterave en chute (de 13%), du fait du printemps pluvieux pendant les semis, puis de la sécheresse prolongée. Contrats pas respectés Les fabricants de sucre sont également très touchés, les résultats de Tereos en témoignent. Le champion français et numéro deux mondial du sucre prévoit un déficit pour la deuxième année consécutive : il a enregistré entre avril et septembre dix fois plus de pertes, 100 millions d'euros, que l'an dernier. Tous les fabricants européens de sucre ont des difficultés, du Français Cristal Union à l'Allemand Südzucker. Ils ont continué à payer cher les betteraviers, mais n'ont pas pu écouler leur sucre au prix convenu avec les géants de la confiserie et des sodas, dont beaucoup n'ont pas respecté leur contrat. Le négoce a également souffert, des plus gros, Cargill, Sucden, aux plus petits, et particulièrement ED&F Man, très dépendant du marché européen. Ils ont payé au prix fort les fabricants de sucre, mais ils ont ensuite été lâchés par les fabricants de compote, commente un observateur du marché. Espoirs dans l'éthanol L'avenir est-il plus rose pour le sucre ? 2019 pourrait voir la fin des excédents mondiaux, qui pèsent aussi sur de plus petits exportateurs comme l'île Maurice, le Soudan ou le Zimbabwe. Les annonces de semis en Europe au printemps prochain, l'état de la mousson en Inde seront décisifs... L'évolution des prix du brut également : si le pétrole est cher, l'éthanol le sera aussi, le Brésil en produira plus aux dépens du sucre à partir de la même quantité de canne. En Europe, l'éthanol pourrait aussi contribuer au redressement de la filière betteravière. Les automobilistes se ruent depuis quelques mois sur les boîtiers « flex fuel », pour adapter leur véhicule à ce biocarburant, beaucoup moins cher que l'essence et le diesel.
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