Depuis quelques années en Turquie, des dizaines de milliers de réfugiés syriens sont employés à cueillir les noisettes. Et ce, dans des conditions déplorables, selon les témoignages rapportés par le quotidien américain New York Times. Les grands industriels de la confiserie, de Nestlé à Ferrero, tentent de s'approvisionner autrement. Des journées de travail de dix heures à cueillir les noisettes sur des terrains très escarpés voire dangereux, ou à porter des sacs de 50 kilos. Le tout souvent pour moins de 6 euros par jour. C'est ce qu'endurent les réfugiés syriens, et leurs enfants, dans les vergers turcs de noisetiers. Le New York Times a recueilli leur témoignage. Intermédiaires peu scrupuleux Depuis 2011 les réfugiés syriens ont peu à peu remplacé la minorité kurde dans les vergers de noisettes de la région de la mer Noire, au nord de la Turquie. Leur statut de «protection temporaire» ne leur permet pas d'avoir un permis de travail. Mais cela n'est pas obligatoire dans les entreprises agricoles de moins de 50 salariés en Turquie, très large majorité des 600 000 fermes de noisettes, qui en moyenne font moins de deux hectares et sont non mécanisées. Les abus sont donc nombreux, souvent le fait des intermédiaires qui emportent la récolte et oublient de payer ou paient la moitié de ce qui était convenu. Eviter l'écueil de l'huile de palme En l'absence de contrôle de l'administration turque, ce sont donc les acheteurs de noisette, les grands confiseurs industriels, comme Nestlé ou Ferrero, qui ont tout intérêt à contrôler leur approvisionnement, s'ils ne veulent pas voir leur réputation ternie aux yeux des consommateurs. La noisette turque pourrait devenir un ingrédient repoussoir aussi fort que l'huile de palme, or l'origine turque est incontournable, elle représente 70 % du marché mondial de la noisette. Nestlé a remonté la chaîne de son approvisionnement, explicité longuement sur son site internet. L'an dernier le groupe suisse a lancé une expérience pilote pour prévenir le travail forcé et le travail des enfants en collaboration avec l'association Fair Labor Association (FLA), à laquelle il a déjà recouru dans les vergers ivoiriens de cacao. Sont associés ses deux fournisseurs en Turquie, les transformateurs Olam et Balsu. Ce dernier a développé une application qui géolocalise le lieu de travail des saisonniers préalablement enregistrés. Le Chili nouvelle source d'approvisionnement Parallèlement les géants du chocolat cherchent à diversifier leur approvisionnement, c'est ce que privilégie Ferrero. Le groupe italien investit actuellement dans les plantations de noisetiers en Serbie, en Australie, en Afrique du Sud, aux Etats-Unis et au Chili. Le Chili qui devrait produire 28 000 tonnes de noisettes cette année, très loin des 800 000 tonnes de fruits secs attendues en Turquie. Mais les surfaces chiliennes de noisetiers n'en progressent pas moins de façon remarquable, 3 000 hectares supplémentaires par an.
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