Les prix du gaz naturel liquéfié, le GNL, ont fortement reculé de l'Europe à l'Asie. Pourtant le géant français des hydrocarbures Total multiplie les investissements dans ce secteur, en Russie et aux États-Unis. Avec le marché chinois toujours en ligne de mire. Total étend son portefeuille dans le gaz naturel liquéfié. Déjà deuxième fournisseur privé de GNL, le groupe français a signé début mars un accord définitif pour prendre 10 % du projet Arctic LNG 2 de Novatek, le groupe russe avec lequel Total produit déjà du GNL à Yamal, également en Sibérie, non loin de là. Ce mercredi, Total vient d'accroître sa participation dans un projet de production de GNL aux États-Unis, Driftwood, mené par la compagnie américaine Tellurian, dans le sud des États-Unis. Prix au plus bas depuis 2016 Le moment de ces annonces peut surprendre. Les prix du GNL se sont effondrés en Asie, et par ricochet, en Europe. Les prix du GNL sur le marché libre européen n'avaient pas été aussi bas depuis 2016. Les méthaniers affluent vers le Vieux continent parce qu'en Asie le prix est encore plus faible en ce moment, guère plus de 4 dollars le MBtu, un renversement historique - le prix du GNL avait toujours été plus cher en Asie. Mais l'hiver asiatique a été doux et le Japon, premier importateur au monde de GNL, a redémarré ses centrales nucléaires. La consommation de gaz a donc été moins importante au cours des dernières semaines alors que l'offre de GNL a bondi brutalement avec le démarrage du projet australien Ichtys et l'intensification des projets de GNL américain. De son côté, la Chine a certes consommé 40 % de plus de GNL l'an dernier, mais elle s'interroge actuellement sur l'opportunité d'en importer toujours plus, la brouille commerciale s'éternisant avec les États-Unis et Pékin ayant imposé une taxe de 10 % sur le GNL américain depuis septembre, ce qui renchérit les importations chinoises. Projets à bas coûts Total continue pourtant de miser sur le marché chinois. Le géant français vient en effet de signer un contrat sur dix ans avec un opérateur gazier chinois indépendant, Guanghui. Conscient que les prix du GNL pourraient ne pas revenir à leur niveau antérieur dans les années qui viennent, Total dit investir dans des « projets compétitifs, là où il y a de grandes ressources de gaz à bas coûts », à savoir la Russie, les États-Unis et le Qatar, plutôt que l'Australie, où au contraire les projets de GNL qui entrent en production aujourd'hui ne sont plus rentables au prix actuel.
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