durée : 00:06:04 - A. Taia : "Le combat que je trace est celui de ma mère" - par : Sophie Bober - Se sortir d'une enfance pauvre marocaine, ce n'est pas seulement bien travailler à l'école. C'est aussi se gorger de la folie de sa mère, et apprendre à exister. Souvenirs pleins de cris et de fureur avec Abdellah Taia, auteur de La vie lente (Seuil) Au départ, il y avait un quartier pauvre de Salé, près de Rabat, et une petite maison de 2 pièces, dans laquelle les corps s'entassaient. Abdellah Taia était le 9ème enfant de la famille, avec cette impression tenace qu'il n'existait pas pour sa mère, et qu'il allait falloir négocier une place : * Je n'étais pas l'élément le plus important de ma famille, donc en position inférieure. Alors comment exister ? Il fallait voler quelque chose aux grands pour prendre ma part. En fait, j'étais déjà en négociation et manipulation avec la vie et la réalité. Je ne me contentais pas du tout de la subir, mais j'en jouais. Jouer et tenir bon, pour réaliser ses rêves d'écriture et de cinéma, nés devant les feuilletons égyptiens ou devant la figure d'Adjani dans Adèle H : Ce rêve demandait beaucoup de folie, mais la folie ce n'est pas ce qui manquait dans ma famille ! Quand je veux aller à Paris pour apprendre la langue française, c'est dans le chemin de ma mère que je m'inscris. Le chemin que je suis et que je trace jusqu'à présent, c'est celui de ma mère : le combat et la folie. Mais paradoxalement, si le fait de ne pas exister à ses yeux m'a fait beaucoup de mal, il m'a aussi protégé, car on n'attendait rien de moi et que j'étais libre... Tout naturellement, s'engage pour lui l'écriture de la folie du monde et la façon dont ses personnages parviennent à survivre : En ce qui me concerne, je considère que j'ai réussi à sauver ma peau, mais ce n'est pas une raison pour tourner le dos à ceux qui la subissent encore aujourd'hui. - invités : Abdellah TAIA - Abdellah Taia : Ecrivain
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