Direction Taïwan, cet archipel de 24 millions d’habitants revendiqué par la Chine. Après le tour de vis de Pékin à Hong Kong, certains s’inquiètent de voir Pékin mettre ses menaces à exécution. Mais le pays démocratique et autonome ne compte pas se laisser faire. Modernisation de l’armée, réforme du système de conscription et mobilisation citoyenne sont au cœur des priorités du gouvernement taïwanais. De notre correspondant à Taipei, « Soyez prêts ». C’est le slogan de la formation d’autodéfense organisée par la fondation Taïwan Splendide. Attentat dans une école, ou encore accident de scooter : les ateliers plongent les participants dans des situations d’urgence. Mais derrière les exercices se cache un autre objectif, comme l’explique Enoch Wu directeur de la Fondation. « Nous enseignons des gestes de premiers secours, mais ce que nous voulons transmettre, c’est cette idée qu’il faut être prêt à faire face à l’imprévu. L’objectif est de montrer à la Chine que, derrière nos militaires, il y a 24 millions d’habitants prêts à se défendre ! [L’invasion] ne sera pas une promenade de santé », prévient Enoch Wu. ► À lire aussi : Taïwan constate une augmentation de l'activité militaire de la Chine à ses portes « On se pose la question de comment se défendre » Aujourd’hui, ce sont quelque 150 Taïwanais de tous les âges venus sur le campus de l’université nationale de Taïwan pour leur première formation du genre. Parmi eux Sarah, fonctionnaire de 26 ans. « Les évènements à Hong Kong nous ont fait réaliser que cela pouvait vraiment arriver à Taïwan et donc on se pose la question de comment se défendre. Aujourd’hui, j’apprends comment transporter des personnes blessées ou à faire des bandages. Je pense que tout cela peut être très utile ! », croit Sarah. Un archipel revendiqué par la Chine La Chine communiste n’a jamais gouverné Taïwan, mais considère l’archipel comme une de ses provinces historiques. En janvier 2019, le dirigeant Xi Jinping rappelait que Pékin n’exclut pas d’utiliser la force pour annexer un jour l’archipel. Un message qui doit être pris au sérieux par Taïwan, selon l’analyste Michael Cole. « Ces dernières décennies, la Chine a développé de nouvelles capacités militaires et certains signaux indiquent que sa détermination est plus forte qu’avant dans ce contexte, Taïwan doit trouver un moyen de dissuader Pékin de tenter une invasion », déclare Michael Cole. La présidente taïwanaise Tsai Ing Wen en a fait une de ses priorités. En 2021, le budget de la défense a augmenté de 10 %. Ces derniers mois, plusieurs contrats d’armement ont été passés auprès des États-Unis, le principal partenaire de Taïwan. Réformer le service militaire ? Mais certains aimeraient aller plus loin, notamment en réformant le service militaire taïwanais, jugé insuffisant avec seulement quatre mois de formation. Le député du parti majoritaire Tsai Shih-Ying planche sur le dossier depuis plusieurs mois. « Face à la menace que représente la Chine, nous devons réfléchir à un moyen de mobiliser l’ensemble des Taïwanais, et pas seulement notre armée professionnelle », dit Tsai Shih-Ying puis d’ajouter : « Selon moi, Taïwan pourrait s’inspirer des États-Unis, avec des milices d’État bien entraînées qui disposent de vraies capacités militaires. Cela permettrait à la Chine de savoir que nous n’avons pas seulement 200 000 militaires professionnels, mais aussi 2 millions de soldats réservistes prêts à être mobilisés. » Pour l’heure, une telle réforme reste impopulaire à Taïwan, mais les pressions de la Chine pourraient changer la donne. Alors que Pékin a les manœuvres militaires autour de l’archipel depuis plus d’un an, le pourcentage des Taïwanais prêts à défendre leur pays n’a dans le même temps pas cessé de grimper.
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