Une semaine après la condamnation de Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd, Minneapolis respire un peu, mais les manifestants refusent d’évacuer le quartier qu’ils occupent depuis presque un an. De notre envoyée spéciale à Minneapolis, Sur le sol, les mots écrits à la craie sont encore visibles : « Chauvin coupable, justice est rendue »… Des traces laissées par les manifestants qui ont fêté la condamnation de Derek Chauvin le mardi 20 avril. Depuis dix mois, ce carrefour entre la 38e rue et Chicago avenue est devenu un mémorial. C’est ici que George Floyd a été tué le 25 mai 2020 par l’officier Derek Chauvin, c’est d’ici qu’est partie la colère qui a embrasé Minneapolis. Aujourd’hui, les barrières qui bloquent l’accès au carrefour sont toujours là  et les manifestants aussi. ► À lire aussi : L'ancien policier Derek Chauvin jugé coupable du «meurtre» de George Floyd « Ils doivent répondre de leurs actes » Assise à l’abri d’une station-service abandonnée transformée en quartier général, Marcia Howard discute avec d’autres manifestants qui campent ici jour et nuit. Cette enseignante de 47 ans habite à 500 mètres. Le jour où George Floyd a été tué, elle a pris un congé sans solde pour se joindre à la contestation. Et pour elle, la fin du procès Chauvin ne signifie pas la fin du combat. « Quand des milliers de gens sont arrivés sur ce carrefour, quand la ville brûlait », explique Marcia, « On s’est engagés à ne pas bouger d’ici jusqu’à ce qu’on obtienne justice. » Les manifestants attendent notamment le procès des trois policiers qui étaient aux côtés de Derek Chauvin le jour de l’arrestation et du meurtre de George Floyd. « Ils doivent répondre de leurs actes », clame Marcia, la voix cassée à force de crier dans les manifestations. « L’injustice a bloqué cette rue et seule la justice pourra la rouvrir » Ce procès doit avoir lieu en août. En attendant, Marcia et les autres refusent d’évacuer le carrefour pour qu’il soit rouvert à la circulation. Sur un mur, ils ont inscrit une liste de 24 demandes qu’ils ont transmises aux autorités. « L’injustice a bloqué cette rue et seule la justice pourra la rouvrir », confie Marcia avant d’ajouter : « On ne veut plus être traités comme des citoyens de seconde zone. » Parmi les demandes des manifestants notamment : réformer la police, investir dans la communauté ou encore ouvrir une enquête sur les pratiques de la police de Minneapolis. Cette dernière mesure a été annoncée la semaine dernière par le département de la justice. Breonna Taylor, Ahmaud Arbery et les autres Aujourd’hui encore le nom de George Floyd continue de résonner entre la 38e et Chicago. Au centre du carrefour, un poids levé en métal est entouré des portraits de Breonna Taylor, Ahmaud Arbery ou encore Daunte Wright… D’autres Noirs tués par la police américaine. ► À lire aussi : Après l'affaire George Floyd, l'espoir d'un changement en profondeur aux États-Unis? Certains manifestants voudraient voir ces objets « préservés pour la mémoire », qu’ils soient « placés dans un musée ou laissés sur place ». Ils veulent que ce soit un « rappel de l’importance de la justice et de la vie des Noirs. » Mais cette occupation permanente du carrefour n’est pas forcément vue d’un bon œil par tous les habitants du quartier. Même s’ils soutiennent le mouvement, certains voudraient un retour à la normale.
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