"Nous sommes tous originaires des peuples racines." Les peuples Ashaninka, Déné, Popora, Tolinou, Maori, Tukano, Sami, Otomi, Touareg, Kanak, Mapuche, Massaï, Huli, Kayapó, Pygmée, Dayaks, Peul Mbororo, Kogi et Kariri-Xocó font partie de ceux que l'on appelle les peuples autochtones ou peuples racines. Leurs représentants font entendre leur voix dans un livre (préfacé par Pierre Rabhi), "Parole des peuples racines" (éd. Actes Sud). Son auteure Sabah Rahmani prévient : "Ils ont vraiment des messages à nous adresser." RCF vous propose de réentendre son interview, en ce vendredi 9 août, Journée internationale des populations autochtones. "On aura tendance à les idéaliser" tant qu'on n'aura pas "retrouvé notre propre identité" ceux qui ne se sont pas déracinés C'est lors du premier rassemblement de 200 représentants autochtones du monde entier, du 11 au 16 octobre 2017, à Brasilia, la grande assemblée de l'Alliance des gardiens de mère nature (Agmn), que Sabah Rahmani a recueili les paroles de 19 d'entre eux. Les peuples indigènes, autochtones, premiers ou encore racines représentent plus de 370 millions de personnes dans le monde. Ils sont présents sur tous les continents, y compris en Europe puisque les Sami, par exemple, vivent sur les territoires finlandais. Qu'ont-ils de si différents avec nous ? "Ils ne se sont pas déracinés, explique Sabah Rahmani, nous on avait historiquement cette relation à la nature, à la terre, et eux l'ont préservée." peuples premiers : Du mépris à la fascination Quand on compare l'accueil réservé au chef indien d'Amazonie Raoni, notamment à l'Élysée le 16 mai dernier, et quand on se souvient du mépris, et c'est peu de le dire, dont on entourait ces peuples au cours des siècles passés, on a le sentiment que nous autres passons sans ambage du mépris à la fascination. "Le but ce n'est pas de leur ressembler", explique l'anthropologue, ni de les idéaliser ou d'entretenir le mythe du bon sauvage. Mépris et fascination procèdent en effet d'un même mal, en quelque sorte, puisque selon Sabah Rahmani, "on aura tendance à les idéaliser" tant qu'on n'aura pas "retrouvé notre propre identité". Pour elle, on passe en Europe "du mépris à l'idéalisme parce que nous sommes décentrés". "Une fois qu'on aura récupéré cette connexion à la nature, au vivant, à la création, on n'aura plus besoin ni de les mépriser ni de les idéaliser mais tout simplement d'entrer en relation avec eux." ©RCF / Thierry Lyonnet - Sabah Rahmani et Assossa, chef Pygmée Ce qu'ils nous enseignent Sur les territoires des peuples racines vit 80% de la biodiversité mondiale, d'où leur appellation de "gardiens de la mère nature", eux qui "savent préserver l'environnement". "Plus nous protégeons la nature, plus la nature nous protège", écrit Assossa, Pygmée du Gabon. Les peuples premiers nous apprennent qu'il y a de la joie à se tenir dans une attitude de "reconnaissance", d'"humilité" et de "gratitude" à l'égard de la planète, et à abandonner toute "attitude de prédation et de domination" qui au contraire la "détruit". Et si les peuples premiers sont restés "enracinés", c'est lié "à leur spiritualité", explique Sabah Rahmani. Ces peuples animistes "considèrent que nous ne sommes pas séparés de la nature", où "tout être vivant a sa place" et que nous faisons partie de cet "univers biologique", "nous sommes nous-mêmes la nature". Déployer son être spirituel, voilà aussi ce à quoi invitent les peuples autochtones. Dans la préface du livre, Pierre Rahbi nous donne sans doute une piste, il écrit : "Je suis persuadé qu'une grande partie du mal-être que nous éprouvons est due à la dictature des montres et des horloges, au temps qu'il ne faut jamais perdre mais toujours gagner." Émission diffusée en mai 2019
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